Saint-Valéry-sur-Somme, du quai Jeanne d'Arc à l'entrepôt des Sels : la ville tout entière devient le théâtre d'une correspondance où chaque mot pesé est une pièce rendue au créancier du silence. L'épistolaire n'y est plus exutoire mais comptabilité de l'âme : vingt-quatre échanges où les non-dits font plus de bruit que les confessions, où chaque lettre glissée sous une porte, chaque feuille arrachée d'un carnet de terrain, chaque calcul griffonné sur un bout de sopalin constitue la seule preuve qu'on ait existé. *Le Bonhomme de la Baie*, premier roman de Guillaume Germain, ne raconte pas une histoire : il livre les traces d'une survie. Pour ces damnés du littoral, écrire ne sert pas à fuir le monde, mais à le payer au gramme près ; le silence n'est pas retrait, mais créance qu'on laisse en héritage.